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(des estampes à l'ordinateur)

du manuscrit à l'imprimerie contemporaine

manuscrit, xylographie, typographie : lecture, dépôt-légal, bibliothèques

Avec le début du 20e siècle, la prose écrite en chinois connaît un développement sans précédent. Outre des romans légers, romans d'amour, romans de cape et d'épée imprimés en Chine et diffusés dans les librairies de Hanoi ou de Saigon, circulent à cette époque toutes sortes de pamphlets, des programmes d'action, des traductions chinoises de Montesquieu ou Diderot. Les auteurs, dans le sillage de Phan Bội Châu, en sont des lettrés en rupture avec le système traditionnel comme Huỳnh Thúc Kháng, Phan Chu Trinh, Ngô Đức Kế, par exemple, ou de jeunes étudiants. Ils réclament des réformes, appellent à la lutte pour l'indépendance nationale et se rapprochent des mouvements modernistes qui se développent en Chine. Ce courant nationaliste et patriotique en chinois est bien caractéristique. Avec le mouvement révolutionnaire du début du 20e siècle, dira Dang Thai Mai, la littérature de langue chinoise a atteint en pays vietnamien un degré de perfection jamais connu depuis huit siècles. Mais bientôt, avec l'idée nouvelle - et inédite jusque là - selon laquelle c'est la langue nationale qui doit devenir la langue véhicule pour l'enseignement, ce n'est pas le nôm mais le quốc ngữ qui prendra le relais du sino-vietnamien.

étui à livres brochés à la chinoise xylographies ou manuscrits reliés à la  vietnamienne

A partir de la conquête de la partie sud du Vietnam - la Cochinchine - par les Français en 1862, les intellectuels vietnamiens les plus avertis comprirent qu'ils devaient se mettre à l'école de l'Occident s'ils voulaient se libérer. Accéder rapidement à la science occidentale impliquait d'acquérir un outillage mental nouveau. Celui-ci passait par la diffusion du quốc ngữ. Les deux lettrés qui ont impulsé ce mouvement vers le quốc ngữ au Vietnam sont Paulus Cua (1834-1907) et Pétrus Trương Vĩnh Ký (1837-1898).

Huỳnh Tịnh Của, dit Paulus Cua, le premier journaliste vietnamien puisqu'il fonda en 1865 le Gia định báo, fut aussi lexicographe. Il rédigea un grand dictionnaire dans lequel figurent les caractères nôm de cette époque.

Truong Vinh Ky, tout comme Paulus Cua était catholique. Formé lui aussi par les missionnaires, il était polyglotte et possédait non seulement le français, et le chinois classique à côté du vietnamien mais encore bon nombre de langues asiatiques ainsi que l'italien, l'espagnol, le portugais… Il a romanisé de nombreux textes classiques et a écrit lui-même en quốc ngữ et en prose, ce qui était tout à fait nouveau. Grâce à lui, c'est dans le sud que le mouvement du quốc ngữ a pris naissance.

A partir de 1906 le mouvement Đông Kinh Nghĩa Thục, bien qu'éphémère - il fut interdit, rappelons-le, seulement neuf mois après le début de ses activités - avait symbolisé un renouvellement de la pensée et allait bientôt impulser une dynamique qui, grâce à l'emploi et la diffusion du quốc ngữ permit à la littérature vietnamienne de connaître un nouvel essor.

université de Hanoi L'ouverture de l'Université de Hanoi, sur décision du Gouverneur général Paul Beau, en 1907, marqua un autre tournant. Bien que cette expérience fut, elle aussi, éphémère, elle devait marquer le début de l'influence française sur le mouvement intellectuel vietnamien au détriment de l'influence chinoise jusqu'alors prédominante.


Une étape décisive fut atteinte à partir de 1913 avec la parution du premier numéro de la revue Đông Dương tạp chí qui marque le début de l'influence française.

En 1910, le Gouvernement général décidait que l'utilisation du quốc ngữ dans les actes officiels serait obligatoire. Il décidait encore d'aider de jeunes journalistes vietnamiens qui accepteraient sa tutelle. Nguyễn Văn Vĩnh, après une participation discrète au mouvement Đông Kinh Nghĩa Thục accepta de devenir le rédacteur en chef du Đông Dương tạp chí. Revue, co-produite par les Français elle fut néanmoins un lieu de débats littéraires très important et attira de nombreuses collaborations. Elle publia aussi des traductions de textes français ou chinois, le tout imprimé en quốc ngữ. En 1916, au moment où la publication s'arrête, 187 numéros avaient été imprimés. A la fin des années 1920, Nguyễn Văn Vĩnh publiera en grande diffusion, toujours avec le soutien du Gouvernement gégéral, une collection de traductions en vietnamien d'œuvres littéraires françaises intitulée La pensée de l'Occident, Âu Tây tư tưỏng. Cette collection, très populaire, connut un grand succès et contribua à faire connaître certaines œuvres de la littérature française comme les fables de La Fontaine, les Trois Mousquetaires, les Misérables, etc…

En 1917, une nouvelle revue, le Nam phong reprend, avec plus d'ambitions, le programme du Đông Dương tạp chí. C'est Phạm Quỳnh (1892-1945), diplômé en 1908 du Collège du Protectorat, interprête pendant quelques années à l'Ecole Française d'Extrême-Orient, qui en fut le fondateur et le directeur jusqu'à 1932, année où il devint ministre de l'Education nationale auprès de l'Empereur Bao Dai. Le Nam phong, revue de haut niveau avec comme rédacteurs et collaborateurs à la fois de vieux lettrés et de jeunes écrivains de formation française, allait exercer une influence profonde sur l'évolution de la langue et de la littérature vietnamienne.

Quelques années après la fin de la Première Guerre mondiale, avec la suppression des examens traditionnels, c'est le quốc ngữ qui a gané la partie. L'imprimerie typographique est devenue très populaire. On compte de plus en plus d'imprimeurs vietnamiens qui publient en quốc ngữ des ouvrages à bas prix.

En 1919, le Gouvernement Général de l'Indochine, dans le cadre des projets d'Albert Sarraut, décidait de mettre en place une Direction des Archives et Bibliothèques de l'Indochine. En effet, la création de bibliothèques publiques dotées de moyens relativement importants ainsi que la mise en forme d'une gestion efficace des fonds d'archives accompagnait et complétait les décisions relatives au développement de l'enseignement franco-indochinois.
dépôt-légal de l'Indochine Quelques années plus tard, en 1922, une réglementation relative au dépôt obligatoire des publications imprimées était décidée. Selon cette législation, dite Dépôt-légal-Indochine, deux exemplaires de toutes publications imprimées dans les cinq pays d'Indochine devaient être déposés par l'imprimeur aux bureaux du gouvernement local ou de la mairie. L'un des deux exemplaires était alors placé dans le fonds de la Bibliothèque Centrale de Hanoi tandis que l'autre était transmis à Paris. Une liste de tous ces imprimés ainsi déposés, périodiques ou non-périodiques, était publiée chaque semestre. Ce système allait fonctionner sans interruption ni modification profonde jusqu'au 9 mars 1945. Ainsi, de 1922 à 1944, plus de quarante volumes recensant les publications des imprimeurs indochinois ont été produits par le Service des Archives et Bibliothèques de l'Indochine. Ces volumes sont aujourd'hui fort précieux car ils renseignent de façon pratiquement exhaustive sur les premières années de la production imprimée en quốc ngữ.


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la Bibliothèque nationale du Vietnam

La Bibliothèque nationale du Vietnam est située en plein centre de Hanoi. Elle est entourée d'un parc aux arbres majestueux et de jardins, qu'elle partage avec le bâtiment des Archives Nationales (il s'agit du dépôt de Hanoi, les Archives nationales 1, un autre dépôt, les Archives nationales 2 étant situé à Ho Chi Minh-ville).

Ce site, tel qu'il apparaît encore aujourd'hui, a été ouvert au public en 1922. Mais il est en cours de réorganisation et, bientôt, un grand bâtiment à étages sera construit pour y installer les centaines de mètres de rayonnages nécéssaires aux collections que l'on ne sait plus où loger aujourd'hui.

palais du vice-roi du Tonkin bibliothèque centrale de l'Indochine Au moment de sa construction, sous la colonisation française, cet ensemble bibliothèques-archives, voulu par Paul Boudet - venu de France à la demande d'Albert Sarraut en 1917 - était aussi le siège d'un Service des Archives et Bibliothèques de l'Indochine, et répondait à une ambition qui était celle d'organiser pour l'ensemble de l'Indochine une série de services, depuis la lecture publique, y compris pour les enfants, jusqu'au traitement et à la conservation des archives historiques du pays. C'est dans ces locaux que voisinaient les services du dépôt-légal, les bureaux du Service des Archives et Bibliothèques de l'Indochine, une section de prêt pour les adultes, une section pour les enfants, une bibliothèque de recherche très fréquentée par les étudiants de Hanoi, enfin le dépôt d'archives.

Aujourd'hui, l'aile gauche du bâtiment qui, depuis l'origine était aménagée en bibliothèque de prêt, est devenue le département journaux et périodiques de la Bibliothèque nationale.

La salle de lecture principale. Elle permet d'accueillir 200 lecteurs. Le public qui la fréquente est entièrement renouvelé au moins une fois par jour. En effet, c'est de 600 à 700 lecteurs qui se rendent chaque jour à la Bibliothèque nationale.

De grands efforts ont été réalisés depuis quelques années pour moderniser les services de la bibliothèque. L'aide de l'Australie et plus récemment des Etats-Unis ont permis d'introduire des instruments de travail plus efficaces grâce aux nouvelles technologies de l'information. Pour les programme de bibliographie retrospective qui sont abordés depuis quelques années, la participation de la France est considérée comme nécéssaire.

Le nouveau bâtiment, terminé en 1999, possède 10 salles de lecture et offre aux usagers environ 1000 places. Certaines seront spécialisées : Hán Nôm, audiovisuel, etc.

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